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Alors si ça ça ça tourne alors bonjour et bienvenue en cette
première semaine du mooc addict sur les pratiques du numérique.
Mon nom est Didier, voici Philippe Decan et nous allons être les
animateurs pour aujourd'hui. Avant de commencer, nous voulons
euh revenir brièvement sur euh ce qui s'est produit ces
derniers jours et nous souhaitons renouveler tout notre soutien aux
familles des victimes des attentats d'avant-hier et
d'hier. Le mooc collaboratif que nous essayons de de développer et de
construire se réalise ensemble en construisant et en partageant des
connaissances et aussi en reconnaissant la contradiction,
les différences. Beaucoup de personnes se sont inscrites et
les échanges sont déjà vif sur le forum de discussion.
Brièvement comme nous sommes sur le webinaire un et pour
rappeler le le contexte la semaine démarre le mardi euh
jusqu'au mardi suivant, alors on travaille aussi le lundi mais la ça
démarre le mardi avec un-un une rubrique pour lancer la discussio,n
une phase un-deux et trois qui nous permettent d'approfondir des notions
et le webinaire du vendredi, donc aujourd'hui, de 12 heures 15 à 13
heures 30 en public ici à l'information continue et en direct
sur Internet et ensuite le samedi et le week end c'est toujours possible
de discuter et d'échanger et nous ferons une synthèse euh
Philippe et moi même lundi, mardi matin et ça sera posté
mardi matin. Justement vous avez vu sur le Forum qu'il y a de très
nombreuses questions, c'est possible pour les messages que vous
trouvez particulièrement éclairant euh de les signaler: il y a un
sur chaque message une petite croix et aussi une
étoile qui vous permettent de signaler et de suivre des messages
particulièrement intéressants et donc de faire remonter sinon
il y a plusieurs centaines de messages qui sont postés pour nous
permettre de nous y retrouver pour nous aider. C'est un mooc
collaboratif: nous voulons échanger sur ces thèmes ensemble et
c'est aussi à eux de vous de faire remonter ce qui vous paraît le plus
intéressant. Vous pouvez aussi participer au glossaire et
mettre les définitions qui vous paraissent un peu les plus interessantes.
Pour le webinaire d'aujourd'hui deux invités,
euh deux animateurs quelquefois trois animateurs. Les participants
qui nous suivent directement sur internet et aussi ceux qui sont
en public peuvent poser des questions par tweeter avec le
hashtag num addict, par COCoNotes live aussi, vous pouvez
retrouver ce lien sur le mooc et par le forum. Les animateurs
feront remonter vos questions à une heure cinq et on pourra
euh on aura la chance de poser toutes ces questions à nos invités.
Bonjour, alors donc cette première semaine on a souhaité aborder
la notion de l'addiction et d'addiction comportementale puisque
euh pour préciser, et et avant d'entrer je dirais dans
le dans le vif du sujet la semaine prochaine à savoir nos
usages du numérique et et leurs conséquences dans nos vies. Donc
les premiers jours vous avez été très nombreux à
vous présenter de manière dynamique euh ça a été très appréciable, un
grand nombre d'entre vous ont exprimés des motivations, un grand
nombre d'entre vous d'horizons très très variés ont exprimé des
motivations professionnelles ou personnelles, souvent en ajoutant euh
des con sidérations déjà sur leurs usages et éventuellement leurs
difficultés ou celles rencontrées avec leurs proches.
Euh quelques un ont même été jusqu'à comment dire euh
parler de leur addiction en développant de manière sincère
euh et parfois détaillée. Alors à ce sujet bon la semaine
prochaine vous serez plus amené encore à parler de vos usages je
souhaite rappeler que on peut intervenir de façon
anonyme hein parce que ça peut être quelques fois délicat pour que la
parole soit bien libre. Il y a eu aussi des débuts discussions assez
passionnant par exemple sur l'information ou info obésité et
où il y en a un voilà comme ça quelques sujets qui ont
qui ont démarré tout seul on a envie de dire. On vous invite à
partir de maintenant à essayer de vous regrouper à faire dans
des synthèses, des approfondissements euh avant de
donner la parole aux invités je je vais juste dire quelques mots
au sujet de ce qu'on vous a proposé c'est à dire le le nuage de
mots qui a fait ressortir quand même quelque chose de très
intéressant à à notre avis, à savoir euh donc le nuage de mots tout
le monde voit ce que c'est. Marc, je sais pas si c'est aussi ... bien sûr.
Donc on proposait 5-6 mots à tout le monde et surprise
il y un terme qui est manifestement ressorti avant
tous les autres à savoir le mot dépendance. En gros on peut dire que
pour la plupart des gens inscrits à se mooc, addiction est en lien avec
dépendance mais deuxième surprise je vais je vous en citer
quelques-uns tous à peu près voilà utilisés une ou deux fois toxique,
incontrôlable, faiblesse, plaisir, soumission, souffrance, solitude, manie,
enfermement, style de vie, mal-être, l'excès etc. Alors voilà il s'agit de
dépendance, c'est manifestement pas suffisant de dire dépendance
d'ailleurs et puis sinon eh bien les avis sont très très partagé hein et
ça ça nous montre que c'est une question complexe et que on a bien
fait d'inviter euh les deux personnes qui sont là et que je présente
toutes suite donc Marc Valeur, est psychiatre, chef de service du centre
Marmottan à Paris spécialisé depuis longtemps dans les
toxicomanies mais aussi dans le jeu pathologique.
il a écrit de d'assez nombreux ouvrages : je vais juste en citer deux qui
sont directement en lien avec ce qui ce qui nous amène ici alors tous
les deux avec Jean-Claude Matysiak, le premier ce sont "Les
pathologies de l'excès" et le second "Les addictions panorama clinique,
modèle explicatif, débat social et pris en charge". Jean-Luc Vénisse est
professeur au CHU, en psychiaterie CHU de
Nantes, fondateur de du service d'addictologie du C H U et de
l'Institut Fédératif des Addictions Comportementale. Il est aussi auteur
de plusieurs ouvrages sur les Addictions comportementales. Ces
préalables étant faits je vais commencer euh les
questions, peut être une première question à Marc Valeur: pourriez vous
vous faire, nous faire un historique, assez rapide quand
même, de la notion d'addiction et puis et puis pour compliquer un
peu les choses, éventuellement de donner une petite définition
personnelle du terme.
Oui c'est c'est un peu compliqué c'est une belle
histoire de l'humanité en quelques secondes, bon on va essayer
Non quelques minutes, quelques minutes
euh peut être d'abord euh
commencer pas définition quand même. Je pense que ce n'est pas par hasard
si le mot dépendance est ressorti avec autant de
prégnance. Bien sûr l'addiction c'est une dépendance mais pour le
clinicien, c'est d'une dépendance qui est devenueinsupportable pour une
personne et à laquelle cette personne voudrait réussir à
mettre fin sans y parvenir, ce qui définit l'addiction c'est la perte
de la liberté de s'abstenir. La dépendance en soit peut être quelque
chose de tout à fait normal, on est tous dépendant de quantités de
choses y compris d'objets technologiques comme tout le monde
le sait. L'addiction c'est une dépendance qui devient tellement
problématique que la personne elle -même voudraient y mettre fin. Il y a
d'autres définitions de l'addiction et l'addictologie
recouvre un champ plus vaste que le simple traitement de cette addiction
maladie, il y a toute la question des usages nocifs, des abus et on sait
bien qu'en matière de drogue, en matière d'alcool les dégâts pour
la société ne sont pas dus en priorité à la maladie addictives ils
sont dus aux abus, aux usages mais aussi les accidents de la route,
c'est les violences, c'est toutes ces choses là. Et il y a un sens encore
plus vaste qui serait l'addiction au sens de l'addictologie c'est à
dire l'ensemble de la prise en compte de l'interaction entre
l'humanité et un objet de consommation ou une conduite y
compris les aspects positifs, il faudrait rajouter à la maladie aux usages
nocifs, les aspects positifs qu'apporte euh un objet à la
société par exemple l'alcool avec son côté corrigé accessible voilà.
Donc la définition est déjà complexe on parle quand on parle d'addiction
avec Jean Luc Vénisse c'est de l'addiction clinique au sens d'un sujet qui
voudrait arrêter quelque chose. Quand est-ce que ça commence euh?
oui l'histoire des addictions ça pourrait être une
discipline universitaire à elle toute seule, euh l'histoire des objets
d'addiction est tout aussi ancienne que l'humanité et bien
évidemment. Euh l'histoire des addictions pourrait commencer à
partir du moment où on en fait une maladie, où on dit que ce type de
dépendance est une maladie qui doit être traitée par les médecins,
qui n'est plus un problème moral, qui n'est pas un problème pour les
prêtres, qui est une maladie qu'il faut traiter à l'intérieur du
monde médical. Longtemps on a pensé que ça remontait à 1784 avec le
traité de Benjamin Rush sur l'effet des spiritueux
sur le corps et l'âme. C'est une très belle date parce que c'est les
débuts de la démocratie, ce Benjamin Rushn est un fondateur, un
père fondateur de l'Amérique qui a signé la
déclaration d'indépendance des États Unis; qui dit que tous les hommes
sont créés libres et égaux. On peut penser que l'addiction devient,
une maladie liée au moment où dans le monde l'individu doit être
quelqu'un de libre et autonome, c'est le les débuts du libéralisme
et de l'autonomie qui font que l'addiction devient une maladie. On remet
aujourd'hui ses débuts en question euh avec euh un texte de la
Renaissance sur le traitement du jeu pathologique qui remonte à 1561
et qui et qui contient beaucoup de propositions très
actuelles sur la dépendance aux jeux d'argent donc on est devant une
problématique qui médicalement est une problématique très ancienne,
mais Jean-Luc a sûrement des choses à ajouter..
oui je euh -tu résumais très bien une
question extrêmement complexe hein et c'est vrai que la question de
l'appropriation médicale de deux sujets qui était aux autre part,
autrefois traités du côté de la morale ou ou de la religion
est important a souligner parce que il pose aussi assez
vite la question de la de la norme et de la maladie qui est une
question qui est une question extrêmement complexe et et on a un
peu trop vite tendance souvent à prendre pour des des réalités tout à
fait objective des questions qui sont en évolution
permanente. Moi j'ai toujours en tête à la thèse de de Georges Canguilhem
sur le normal et le pathologique, philosophes et médecins, et une thèse
de médecine où où il souligne à quel point effectivement on ne peut
jamais réduire la norme à des des des critères objectivement
décrits d'un point de vue d'un point de vue scientifique et quand
on parle de de de tout ces de toutes ces définition et ces
questions il faut jamais oublier ça. Il a il a une manière de
je crois de parler polarité dynamique de la maladie
qui l'a resitue dans une trajectoire d'existence et qui fait
que finalement c'est seulement pour un individu donné à un moment donné
que la question de la pathologie peut prendre sens et dans la
relation qu'on a avec lui. Alors il est vrai qu'on a aussi besoin de
normes, notamment pour faire de la recherche en médecine et que
beaucoup des critères qui nous sont euh régulièrement définits sont
des critères utiles pour la recherche. Il faut toujours
essayer de faire la la part des choses et et je crois que c'est
c'est quelque chose qui doit rester ouvert de ce point de vue
là, qui est très très important.
il semble que le terme maladie
porte quand même quelques fois à confusion puisque on a en tête
la maladie physique euh voilà où la maladie contagieuse ou voilà. Est
ce que est ce que c'est c'est pas plutôt en.... Alors il il y a donc euh
des des comportements dont on ne sait plus se passer. Est ce que
c'est pas plutôt enfin ou aussi, d'abord, je ne sais pas du point de
vue psychique quand il y a de la souffrance que de la maladie.
oui il y
a pas de de maladies sans souffrance et sans
demande de soins. Une des remarques de Canguilhem est que
si on définit de manière trop objective la maladie on va arriver
à des maladies sans malades or c'est quand même le sentiment
subjectif d'aller mal et le fait de demander de l'aide à un médecin qui
fait qu'il y a une une maladie socialement. La question que vous
posez est valable pour tout le champ de ce qu'on appelle les maladies
mentales, de manière générale, il faut se rappeler qu'au début des
années 70 Thomas Szasz, psychiatre nord américain, me disait que la
maladie mentale est une métaphore de maladies physiques et dans
un-deuxième livre il ajoutait et la toxicomanie est une métaphore de
maladie mentale. On est donc devant euh qui pourrait être une métaphore
au carré de maladies physiques mais définir ce qu'est une maladie
physique c'est déjà quelque chose de très compliqué.
On a un problème particulier
avec la souffrance qui effectivement est bien sûr quelque chose
d'essentielle et on a un problème particulier dans avec ce qu'on
appelle nous les mécanismes de de déni c'est à dire qui sont des
mécanismes de défense qui sont très actifs souvent dans le
fonctionnement addictifs et qui contribuent à une méconnaissance du
sujet de la réalité de sa conduite et de ses conséquences si bien que la
souffrance elle est fondamentale mais c'est parfois
autant la souffrance de l'entourage que celle du sujet lui même et il va
falloir tout un temps de prise de conscience pour qu'il arrive à
euh prendre en compte la réalité de ce qui se passe. On a eu dans des
témoignages je pense notamment au témoignages d'une Sylvie sur le forum
qui raconte très bien cela et en disant même qu'elle a fini par
prendre conscience de de sa difficulté de son problème à travers
le problème de son compagnon parce que c'était plus facile pour elle de
le voir chez lui que chez elle et là on a quelque chose qui évidemment
complique un petit peu la question de de la souffrance en termes de
souffrance perçueacceptée parce quil y a ces mécanismes de défense très
puissants. C'est pour ça que la notion de dommage qui est un peu différentes,
de conséquences négatives qui ne sont pas forcément au moins au début
perçus par l'intéressé lui-même est une notion très importante dans la
définition et dans le la construction du repérage de
la problématique addictives.
Bon, donc on a là quelques repères assez
clairs sur la notion d'addiction et maintenant que qu'est ce qui
pourrait peut être distinguer ou différenciéer ... ou il y
a t il une différence entre une addiction on va dire aux drogues et une
addiction comportementale à votre avis?
oui pendant très longtemps je
dirais que on a été extrêmement focalisés sur la question des
produits et de fait on parlait de toxicomanie plutôt que
d'addiction et et c'est vrai que c'est une époque pas très
lointaine c'est le moins qu'on puisse dire où c'était finalement très très
commode de mettre sur le dos du toxicomane, bouc émissaire quasi
idéal, toutes ces problématiques qui nous concernent pourtant tous donc
il a fallu un dégagement des produits, un dégagement de la preuve
de ce qu'on a appelé l'approche par produit pour aller vers une
approche par comportement pour que euh on sorte de de cette
fascination, focalisation sur le produit et sûr aussi euh en
fait une forme de dépendance majeure. On aura l'occasion de revenir
sûrement sur la question de du terme de dépendance et de ce qu'il de ce
qu'il inclut de de compliquer dans dans ses définitions mais
euh ce qui est très nouveau et très important c'est que on n'a plus
depuis on va dire une vingtaine d'années et ou un peu moins même euh
avoir une validation euh scientifique de la notion
d'addiction sans drogue. Autrement dit montrer que non seulement il y
avait des parentés clinique ce qu'on savait depuis longtemps, non
seulement il y avait des parentés en termes de facteurs de risque et
de prédisposition, ce qu'on pouvait aussi savoir depuis assez longtemps
euh non seulement il y avait des des des parentés au niveau
psychopathologique, on y reviendra sans doute les fonctions que que
ces conduites peuvent tenir pour un individu donné à un moment donné
mais il y avait en plus un substratums neuro biologique donc
tout un tas de circuits cérébraux et neurobiologique qui étaient du même
ordre et et ça je veux dire que c'est... on vit dans un monde où tant
qu'on n'a pas une reconnaissance neuro biologique des choses c'est
que.. Il trouve que en matière de recherche Neurobiologie les modèles
sont animaux et le modèle animal de de l'addiction
comportementale il est il est compliqué à construire donc c'est
vrai que il a fallu cette parenté avec l'imagerie
fonctionnelle avec des outils maintenant qui sont très très
performants pour valider cette transversalité de l'addiction avec
ou sans drogue et ça change complètement de paradigme parce que
finalement les addictions à des substances sont une modalité parmi
d'autres d'addiction.
oui, je crois qu'il faut regarder
maintenant les choses d'une manière large et revenir à une vision qui
est une vision tout à fait classique dans laquelle il y a des addictions
qui sont des passions, des habitudes invétérées dont on veut pas se
déprendre dans lesquelles les addictions avec dogues sont un sous
groupe particulier. Alors c'est vrai que ce sous groupe particulier
rajoute une dimension d'intoxication qui peut être
extrêmement important au niveau de la santé, c'est ce qui a amené à
des termes comme alcoolisme, les termes en" isme" qui sont des termes qui
désigne l'intoxication de l'organisme par une substance comme
le botulisme, le saturnisme etc et bien évidemment cette intoxication
est à prendre en compte de manière tout à fait important pour les
produits comme l'alcool, comme le tabac. On connaît les dégâts que ça
fait eh bien évidemment dans les addictions sans substance la
dimension d'intoxication est beaucoup moins présente donc il
faut bien avoir ça en tête. Il faut pas mettre tout sur le
même plan mais quand on parle de drogue, il faut bien savoir qu'on
parle d'un mythe, si on parle euh on essaye de classer les drogues en
fonction de leur dangerosité on va toujours se trouver avec en premier
des produits comme l'alcool ou le tabac qui ne sont pas
traditionnellement considérés comme des drogues et on peut se demander si
la mise en avant de la toxicomanie, la mis en avant des drogues, le fait de
refuser l'idée qu'il puisse y avoir des addictions comportementale n'est
pas pour la société une manière de maintenir cette ligne Maginot
fantasmatique entre d'un côté ce qui est drogue et de l'autre côté
tout le reste qui seraient des bons objets de consommation. D'un côté
c'est tabou il faut pas y toucher, de l'autre on peut
faire tout ce qu'on veut on peut consommer sans modération, il y a
aucun problème or on sait bien qu'on peut être addicts avec de la
nourriture. Jean Luc Vénisse est un spécialiste des troubles des
conduites alimentaires. Il rangera très fascilement dans les addiction au
moins certaines formes de boulimie or personne ne va dire que
les aliments sont des drogues.
on parlait aussi d'intoxication qu'est
ce qui permet de différencier une intoxication à l'alcool, d'une
personne qui va présenter une addiction à l'alcool
" je pense
que la dimension subjective c'est est absolument fondamentale euh
on a longtemps en France connu des formes d'alcoolisme, d'intoxications
à l'alcool chronique très lente qui ne se reconnaissaient pas comme
malades alcooliques qui étaient tout surpris quand le médecin leur disaient
ben vous avez une cirrhose du foie c'est extrêmement grave et c'est du à
l'alcool mais ils disaient je bois comme tout le monde fait toujours
fait comme tout le monde etc donc on ne peut pas considérer dans
leur cas qu'il y avait subjectivement une réelle addiction, il n'y avait pas une
conduite qu'ils voulaient arrêter, qu'ils voulaient est et qu'ils n'arrivaient
pas a arrêter et d'ailleurs un certain nombre d'entre eux quand le médecin
leur disaient mais c'est grave vous avez une cirrhose ben ils arrêtaient
parce que il ne s'était jamais posé la question mais l'intoxication
avait fait son temps. On a connu ça avec le tabac pendant longtemps euh
euh en partie grâce aux efforts de l'industrie du tabac le lien entre
les pathologies comme le cancer les maladies cardio vasculaires et le
tabac n'était pas en fait les gens fumaient et et les gens mouraient de
cancer, meurt toujours cancer et de maladies cardio-vasculaires maintenant on sait
qu'il y a un lien extrêmement fort avec l'usage du tabac. Ca n'a pas
toujours été le cas.
c'est vrai que ça pose la question de la différence
entre l'usage excessif et l'addiction et c'est vrai que si
euh je dirais par définition l'addiction est un usage excessif qui va
poser des problèmes, tout usage excessif n'est pas addiction sauf à
considérer que l'excès ne fait plus partie de de la condition
humaine et là effectivement c'est un risque majeur qu'il faut qu'il faut
souligner un risque de terrorisme. On vit dans une société nord-américaine
qui est marqué d'hygiènisme et on sait aussi comme le rappelait Marc à
propos du tabac qu'il y a des enjeux économiques et pharmaco-économique
à élargir sans limite parfois le champ de
pathologie donc je crois que c'est quelque chose qu'il faut avoir
en tête. Il y a un risque de pathologisation de l'existence, et quand on
parle d'addiction et qu'on élargit effectivement la
problématique au delà des drogues, il faut en même temps
toujours je crois avoir en tête que l'excès n'est pas en soi une
pathologie. Heureusement qu'on peut avoir des conduites d'excès dans
le cadre d'une vie humaine
oui mais alors justement et je pense que
ça va être important dans l' analyse des usages du numérique:
où peut on éventuellement poser une frontière entre l'usage
excessif et l'usage addictif?
tu l'as déjà un peu dit en parlant effectivement
euh très très clairement cette perte de contrôle de de la perte de la
liberté de s'abstenir, c'est un point de fondamental. La persistance de la
conduite, malgré ses conséquences négatives, en sachant qu'elles sont
pas toujours perçues tout suite, moi j'ajouterai un élément de plus c'est
l'organisation dans le temps de cette conduite qui va à travers une
répétition qui, devient de plus en plus inlasable, de plus en plus
univoque, automatisée, euh drainer tous les tous les investissements du
sujet c'est ce qu'on appelle la centrations de façon très très classique
et une espèce de de mécanique qui s'organise et qui s'auto entretient.
On peut parler les processus et là je crois qu'effectivement le
le sujet qu'elle que soit sa volonté de s'en sortir est souvent
dans l'incapacité de le faire. Il faut être très prudent parce qu'on sait
aussi qu'il y a des guérisons ou des sorties spontanées de processus
addictifs très bien installés qui montrent bien que tout ne se joue pas
dans le cerveau et dans la neurobiologie comme on voudrait nous
le dire parfois hein que il y a beaucoup de facteurs personnels et d'événements
de vie par exemple qui peuvent jouer un rôle fondamental mais quand même.
Il y a j'ai justement est ce que l'addiction c'est un processus qui
euh plutôt biologique il a des substances ou s'il s'agit plutôt de
quelque chose de psychologie?
Là aussi je crois qu'on est devant une
question extrêmement vaste qui ultimement pose la question de de
notre épistémè commune, cette relations entre le le corps et l'âme
euh on est moniste spinozistes on dira que l'étendue et la
pensée ne sont que deux attributs d'une même substance et que euh
euh on ne comprendrait pas pourquoi une modification de l’âme n'irait
pas systématiquement au bout. Les deux choses vont ensemble ou on
est presque obligé de séparer d'un côté ce qui relève de la culture
de l'autre ce qui relève de la nature et de faire comme si âme et corps
corps étaient vraiment deux entités complètement distincts,
artésiens où l’âme était reliée au corps par l'épiphyse. Donc moi je pense
que on ne peut pas imaginer un mouvement de pensée.. un-un
mouvement cérébral on peut pas imaginer non plus les modifications
cérébrales qui se traduisent par par des modifications du cours de la
pensée des cognitions etc. Par contre la question qui se pose c'est
est ce que l'addiction correspond systématiquement à une
modification durable, irréversible des circuits cérébraux. C'est la
position d'un certain nombre de neurophysiologistes, je pense pour ma
part que c'est une hypothèse que cette hypothèse n'est pas
démontrée et personne sur la planète actuellement ne dispose
d'un marqueur biologique d'une addiction même de l'héroïnomanie
de la cocaïnomanie ni de l'alcoolisme etc. on a des
marqueurs d'intoxication, on n'a pas un marqueur biologique de
l'addiction et je pense que toutes les recherches qui ont été faites
autour de l'addiction sur les endorphines, sur la dopamine
sur la sérotonine etc. sont tout à fait passionnantes mais qu'au lieu de
nous apprendre une clé magique et qui définirait l'addiction, elle nous
est de plus en plus à comprendre des processus qui sont des questions
éternelles pour l'humanité: c'est quoi une passion? c'est quoi une
habitude invétérée? c'est quoi euh une dépendance? mais ça ça ne
concerne pas que l'addiction maladie.
Tout nos comportements
les plus élaborées et qui font en particulier appel
à des questions de décision et de choix mettent forcément en jeu à la fois
euh des des éléments psychologiques et biologiques. Il ne peut pas en
être autrement. Là où effectivement euh on constate quand même assez
souvent un réductionnisme assez terrifiant, c'est quand on on prend
d'une certaine manière l'empreinte cérébrale d'un comportement pour sa
cause et c'est vrai qu'il y a tout un courant qui actuellement va dans
ce sens et l'American society of Addiction Medicine en fait
partie avec Nora Volkov notre collègue New Yorkaise qui
est sur cette ligne et c'est vrai que ça a des impacts euh
vraiment assez assez important et en même temps il
faut dire quand même aussi que il arrive qu'on méconnaissent à
l'inverse la dimension neurobiologique d'une conduite et en quoi cette
dimension neurobiologiquee qui va comme l'a dit Marc et on a pu.. ça a pu
être vérifié sur des travaux expérimentaux et et en
imagerie fonctionnelle notamment qui va jusqu'à remodeler les circuits
synaptique cérébraux. Si on méconnaît cette réalité là et en quoi elle
joue comme facteur d'entretien d'une conduite qui ensuite ne peut que
s'auto-renforcer on on va vers des impasses thérapeutiques donc c'est
comment comment à la fois accepter cette cette
intermédiaires et ne pas en faire effectivement un facteur causal et
réintroduire cette question du sens qui est si chère àMarc et les
approches de sens qui vont permettre aussi de mesurer que à un moment
donné une conduite qui s'installe et qui n'était pas là
avant je dirais qui.. il y a aussi la notion d'un changement hein dans
dans une trajectoire qui vient aussi répondre à des enjeux
psychologiques environnementaux contextuelles familiaux etc. qui
sont très important à travailler avec celui qui se trouve
enfermé dans cette conduite
oui, il y a aussi euh enfin je répense à
la fameux définition de Claude Olivenstein quand même il y a la dimension euh
du du contexte qui joue beaucoup j'imagine que vous vous êtes bien
d'accord là dessus que sur...
Bien évidemment à la fois au niveau de la
la place des objets dans la société et de la place du sujet dans
son environnement du fait qu'une personne va traverser des moments de
vulnérabilité ce qui fait que le moment de la rencontre entre le produit
la personne et le moment socio culturel est extrêmement important
c'est la notion de rencontre aussi qui est tout à fait importante. Sur
la question de biologie on peut rappeler par exemple qu'il y a
une grande parenté entre la dépression et le deuil, personne ne
penserait qu'un deuil va sans modifications biologiques
cérébrales etc mais elles sont réversibles, on admet que au bout d'un
certain temps les choses reviennent dans l'ordre. Il en est de même pour
quantité de phénomènes.
Marc ne définit par le schéma trivarié qui
vraiment est très associé pourtant à lui et qui effectivement euh
pose la la place respective de facteurs qui sont liés à l'objet
d'addiction qui peut être un produit mais pas seulement, des facteurs qui
sont liés donc au sujet et à sa personnalité et ça veut dire
beaucoup de choses ça veut dire aussi bien des des des
données et des prédispositions biologiques voire génétiques car il
ne faut pas évidemment exclure celles là ça veut dire aussi des
facteurs de.. des traits de personnalité mais des facteurs de
développement c'est à dire la manière dont le développement psycho
affectif a permis que ce sujet là se construisent d'une certaine
manière et on a notamment en tête les questions de sécurité et de
confiance personnelle qui sont très très importantes, les modalités
d'attachement aux personnes significatives de l'entourage autant
de choses qui évidemment vont avoir un impact sur nos liens de
dépendance en général et et c'est vrai que les questions de dépendance
dont on parle et qui ont été mis en tête du du nuage de mots ce sont des
questions qui nous renvoie fondamentalement à notre dépendance
psychologique première initiale à ce qu'on appelle en psychanalyse les
objets primaire parentaux c'est à dire ceux dont on est totalement
dépendant au début. Et la question du développement psycho affectif c'est
peut être avant tout de pouvoir trouver à aménager ces liens de
dépendance primaire pour qu'il soenit vivables et vivable ça veut dire
qu'ils puissent aussi supporter les questions d'éloignement, de
séparation, de perte, de deuil. C'est c'est ce que on on notamment à
travers l'intériorisation de l'objet d'un point de vue psychanalytique
qui permet de supporter son absence son éloignement.
oui c
sous un angle plus sociologique il on on pourrait
rappeler aussi mais je pense que ça sera fait vraiment des des cession
ultérieures qu'on est dans une société qui tend chez nous et en
Amérique du Nord particulièrement à valoriser l'autonomie et la
consommation des individus. C'est à dire qu'on est dans un monde où
chaque individu pourrait être défini comme une petite entreprise dont le
but est de consommer le plus possible mais dont on attend qu'elle
soit en mesure de faire son propre budget, de fixer ses propres limites
tout en étant bombardés par des injonctions à jouir sans entraves,
consommer tout de suite, payer plus tard, accepter le crédit etc.
autrement dit on est dans un monde qui nous pousse à devenir adulte
et qui attend que par notre responsabilité, notre volonté
notre euh confiance en nous mêmes nous mettions les limites et
ce qui est en train de se passer probablement c'est que dans ce monde
de surconsommation l'addiction vient comme une des limites à cette
idée que le la consommation d'un certain nombre d'objets serait
l'équivalent du bonheur. C'est le moment où les personnes commencent à
dire je suis je voudrais arrêter de consommer parce que c'était un
plaisir c'est devenu une souffrance et je n'arrive plus à m'arrêter
qu'on touche à une limite de cette cette société de consomation.
c'est vrai
que les enjeux commerciaux sont... pèsent d'un poids contextuel, c'est fabuleux,
incroyable et c'est vrai que l’honnête 'homme du 21 ème siècle
c'est celui qui arriverait à faire face à cette contradiction interne
et je crois qu'on est obligé de dire que les capacités d'autorégulation
parce qu'il s'agit bien de ça de de nos comportements sont à la fois
très variables d'un individu à l'autre pour de multiples raisons
qu'on a un peu ébauché et aussi même pour un-un-un individu il y a qu'à
réfléchir à sa propre expérience en fonction d'un certain nombre de
circonstances et de difficultés de la vie qui vont nous fragiliser donc à
partir de là effectivement comment tenir cette crête qui par
rapport à des sollicitations sur nos écrans de téléphones portables
incessantes nous amène à contrôler toutes ces
offre toutes ces sollicitations pour ne pas être entraînés à ça. Ca se
joue un clic vers effectivement un débordement.
alors toujours dans
dans la même veine si on parle toujours d'addiction au sens
clinique donc de de patients est ce que que c'est c'est
l'addiction peut se développer chez tout le monde c'est la société
qui est nous amène et tout sujet peut se retrouver dans une
situation addictives ou cela nécessite un terreau propice, des
facteurs prédisposant des événements qui se sont produits?
oui la la la rencontre d'un produit, d'une personnalité, d'un moment
socioculturel, c'est une rencontre qui se produit aussi à un moment
particulier dans la trajectoire d'une personne c'est à dire qu'on
peut penser que certains certaines personnes sont plus prédisposés que
d'autres à certains types d'addictions. C'est la classification classique en
matière de jeu pathologique entre des joueurs excessifs qui sont
des impulsif qui sont plus des hommes, plus des jeunes qui
ont du mal à résister, à supporter les frustrations qui
ont du mal à différer la satisfaction, qui adorent la
transgression, qui adorent la prise de risque et cela vont être attirés par
des conduites risquées et vont tomber dans un certain type d'addiction. De
l'autre côté On va avoir des addicts par automédication, des
personnes qui sont déprimées, anxieuses, qui ont vécu des traumatismes et
qui vont se réfugier dans la répétition d'une conduite routinière
pour oublier ce qui se passe et dans le cas du jeu on voit un
certain nombre de personnes s'abrutir devant des machines à sous
et en même temps magiquement faire une prière en espérant que les
choses vont s'arranger, que les malheurs qui les ont frappés vont être compensés
par un sort favorable et il y a un certain nombre de personnes qui
deviendraient addict par simple habitude. C'est le cas de
l'alcoolisme traditionnel à la Française, tous ces gens qui se
découvraient malades après le diagnostic de cirrhose parce que
ils avaient jamais fait que comme tout le monde, parmi eux un certain nombre veulent
arrêter l'alcool, ont du mal à été à ce moment là on peut parler de euh
d'addiction et d'une addiction qui a été induite par le contexte culturel,
par l'environnement.
alors il y a une une de nos collègues suisses
Danielle Zoulino qui a proposé une métaphore qui est celle de de
l'ornière qui compare le processus finalement à une
carriole qui roulent sur un chemin euh le chemin c'est le
terrain, la vulnérabilité éventuelle plus ou moins grande du sujet
eu la carriole c'est le euh c'est le pouvoir euh
addictif de l'objet et en particulier le poids de la carriole
c'est ça et puis le les passages répétés sur la route c'est
le nombre de passages, de prises, d'usages Il est bien évident que plus
le chemin est dur et résistant moins il sera affecté
par des passages répétés mais même euh inversement
si le chemin est dévasté par des orages,
par la pluie les ornières vont se faire très vite et et on on voit
une multitude de situations cliniques dans lesquelles la part
respective des différents facteurs personnels, lié à l'objet ou liés au
contexte est très variable. On voit par exemple dans le milieu du
travail ou dans le milieu sportif des situations où la pression de
l'environnement, les exigences de l'environnement sont telles que même
un sujet très peu vulnérable va être obligé dans le le sport
de haut niveau ...c'est une évidence qu'il n'y a pas besoin d'être très
vulnérable pourrait être totalement entraîné vers des conduites
addictives non seulement euh en termes de dopage chimiques
mais aussi de surentraînement et puis à l'inverse eh bien on va
s'apercevoir que des sujets très vulnérables ont besoin de très peu
de de facteurs d'environnement ou d'objets très peu addictif parce
qu'on n'a pas insisté sur ce que c'est l'addictivité
l'objet mais c'est souvent une intensité des faits et une
temporalité des faits très courte qui sont valables aussi bien pour
les produits que par exemple pour le jeu. On voit des joueurs aux
machines à sous comme l'a dit Marc ou au Rapido on n'a jamais vu de
voir joueurs pathologiques nous consulter parce qu'il jouaient à
Euro Millions, les loteries périodiques n'ont pas ces
caractéristiques et on pourrait décliner ça dans plein d'autres
domaines.
Oui tout tout à l'heure vous faisiez allusion à la
prise de risque effectivement où il y a même des gens qui vous l'aviez
démontré brillamment il y a longtemps et qui se
jouent leur vie dans une conduite ordlaique tient euh il y a
me semble t il aussi une dimension euh importante de
euh de de jouissance je dirais de de plaisir vous avez évoqué le mot
passion hein je crois que c'est justement dans "Les destin du
plaisir" je crois que Pierre Aulagnier parlait d'une passion
asymétriques ,dans le sens où effectivement ça me fait penser
aussi à Jacques Higelin "une fille au coeur d'acier qui va vous
faire flipper" c'est à dire voilà une espèce de passion sans
limite donc il y a aussi du plaisir, de la jouissance. j'ai envie de dire
qu'est ce qu'il y a de positif dans l'addiction? Il y a t il quelque
chose aussi de positif? ce n'est pas une question facile...
alors c'est une c'est une question facile en général les
gens ne s'accrochent pas systématiquement à quelque chose qui
est tout à fait désagréable, douloureux et terrifiant.
Il y a quelques masochiste enfin c'est pas
la regle si les gens aiment l'héroïne cocaïne le crack c'est
parce que au début ça procure du plaisirs parce que c'est positif,
parce que ça ça supprime la souffrance, parce que ça fait planer,
parce que c'est extrêmement positif... Il y a des descriptions il faut
penser simplement De Quincey qui parle de l'opium, des descriptions de
la relation à une drogue qui ressemblent tout à fait au début euh
d'une relation amoureuse, passionnelle c'est le le
subtile et divin opium qui est enfin le bonheur qu'on pourra
mettre dans la poche et se faire renvoyer par
la diligence mais ce qui va définir l'addiction c'est le fait
que le côté positif, ce plaisir du début va peu à peu s'estomper et
que la relation qui était une relation choisie on pourrait
décidée, impulsive mais décidée devient une relation obligée et
c'est là que Pierre Aulagnier dira une relation passionnelle
dissymétrique devient une relation de souffrance parce que c'est une
relation obligée dans laquelle le sujet est transformé en objet par
l'autre qui est placé en position de toute puissance.
C'est vrai que c'est
c'est devenu un argument publicitaire. C'est sans doute que ça
ça vient illustrer quelque chose qui est très fort en termes
d'adhésions en termes de passion effectivement et et
je souscris tout à fait ce que vient de dire Marc. Une autre
dimension positive c'est effectivement la fonction de la
conduite et même si elle s'épuise au fil du temps elle est
quand même très importante et dans l'abbord thérapeutique de ces
sujets addict c'est quelque chose que nous utilisons beaucoup. Vous le
savez Philippe parce qu'effectivement euh même si ça
euh ça ne fonctionne plus c'est resté comme quelque chose qui
qui qui a valeur de solutions pour eux que ce soit du côté
effectivement de l'anesthésie, de l'oubli le comble étant sans doute
euh le binge drinking qui conduit par exemple à un coma
assez rapide mais d'autres exemples existent que ce soit du
côté de la recherche de sensations fortes, de stimulation pour vérifier
son existence quand on a du mal à le vérifier autrement et dans cette
ligne là il y a aussi de la fonction de démarcation notamment chez les
plus jeunes par rapport à un entourage dont ils se sentent pour
des raisons de développement psycho affectif difficile dont il se sentent
totalement dépendant. Et quand effectivement un jeune a
l'impression que on lui bouffe la tête que son entourage lui bouffe la
tête il va aller s'accrocher à une conduite en espérant que
celles-ci le libère de cette dépendance ressentie et le comble
évidemment c'est que ça va devenir un piège plus redoutable encore que
le premier mais néanmoins cette fonction là elle est utile
à garder en tête et à travailler avec ces
jeunes.
Je vais faire remarque aussi sur le lien que vous faites entre la
passion et le côté positif. C'est que c'est quelque chose qui pourrait qui
devrait d'ailleurs se discuter. On a aujourd'hui dans
notre monde comme modèle de ce qui est bon et désirable les grandes
histoires passionnel et fatales: c'est Roméo et Juliette, c'est Tristan et
Yseult, c'est Didon et Enéel que sais je toutes ces
légendes, toutes ces histoires, tous ces mythes et qui racontent des
passions telles qu'elles conduisent à l'amour. Il faut se souvenir que très
longtemps ces histoires avaient une vertu pédagogique et que pour les
anciens jusqu'à une période assez récentes la passion était une
pathologie et il est probable que les premiers médecins qui ont parlés
d'une conduite en termes qui seraient aujour hui les termes
d'addiction parlaient de la passion amoureuse quand Pascasius
fait sont traité sur le jeu il dit je m'étonne d'être le
premier à parler de ce fléau qui frappe la jeunesse d'une manière
importante: le jeu, le jeu d'argent alors que bon nombre
d'auteurs connus ont déjà traité de la passion amoureuse dont tout le
monde sait que c'est une maladie terrible alors on est aujourd'hui
dans un monde où bien évidemment c'est le contraire la passion
amoureuse c'est considéré comme le top de l'existence mais
c'est peut être un peu paradoxal. Cest à dire que le sommet de sa
liberté c'est de tomber amoureux fou ou esclaves de quelqu'un à qu'on n'a
pas choisi parce qu'il faut pas que ce soit décidé, il faut pas que ce
soit calculé, il faut pas que ce soit conforme à des règles donc le sommet
de la liberté c'est de devenir par hasard esclave de quelque chose
qu'on ne contrôle pas.
Deux figures.. on n'a pas cité Freud encore deux
figures, deux citations de Freud qui finalement vont un peu dans ce sens
euh une lettre à Karl Abraham où il euh il définit effectivement euh
toutes les boissons enivrantes et je crois les alcoïdes excitant
comme des substituts de la toxine unique qui reste à rechercher que
produit l'ivresse de l'amour et puis quelques années avant et là ça nous
situe dans un autre registre mais c'est important aussi la lettre euh
à Fleiss. J'en suis venu à croire que la seule vraie habitude,
le besoin primitif et la masturbation dont les consommations
d'alcool de morphine et de tabac ne sont que le substitut, un produit par
déplacement. Deux citations freudiennes qui pourtant n'a pas été
très prolixe sur le sujet tant il était concerné
personnellement.
Effectivement alors on parle de substances de
d'opium d'héroïne d'alcool de jeu de hasard et d'argent beaucoup de conduites avec
des substances, des produits et qu'est ce qui l'en est du numérique?
Est ce que la plupart des addictions existe en dehors du numérique? Est ce
que le numérique euh contribue à ces processus addictifs ou
peut au contraire aider à les dépasser",
oui les deux probablement
le numérique c'est vaste c'est un pharmakon à plusieurs
face qui apporte probablement beaucoup plus de bienfaits que de
nuisances mais enfin qui doit être discuté. Si on veut
faire du buzz sur internet il faut lancer un débat sur est ce que
l'addiction aux jeux vidéo existe est ce qu'elle est réelle ou pas? alors
là on va voir les pour les contre tout le monde va, tout
le monde va se taper dessus, ça va être absolument terrible.
on va voir les manifestations de joueurs et les
manifestations de parents de l'autre côté. Euh il y a deux études qui
sont d'ailleurs assez contradictoires: il y a un rapport de l'Académie de
médecine qui est plutôt rassurant presque lénifiants qui dit il vaut
mieux ne pas parler d'addiction pour ce qui concerne les jeux en réseau,
internet etc peut être y a -t-il des usages abusifs mais il
faut pas parler d'addiction et il y a un rapport récent publié par l'OFDT
après une enquête auprès de 2000
collégiens et lycéens et qui, lui, donne des chiffres plutôt alarmant
jusqu'à 10% d'usage très problématique voire d'addiction euh
aux jeux en réseau ou à internet. Alors il faut critiquer les deux à
mon avis, il faut critiquer le fait qu'on aurait pas le droit de parler
d'addiction au jeu en réseau parce que ça serait
diaboliser les jeux vidéo, à mon avis c'est une bêtise. Il y a des
addictions aux aliments on va pas diaboliser les aliments donc c'est
pas parce que les choses pourraient dans certains cas donner lieu à une
addiction que ce serait une mauvaise chose et de l'autre il faut
critiquer l'étude qui porte sur des 14 -16 ans parce qu'à 14-16 ans
bien évidemment on n'est pas en mesure de se contrôle et si
on fait la même étude sur le jeu d'argent on aura les mêmes taux, les
mêmes pourcentages et ça c'est extrêmement important. C'est à dire
que les critères aussi objectif qu'ils soient de de des
études épidémiologiques ne correspondent pas à une réalité
clinique d'addiction le plus souvent. Les adolescents traversent des
périodes où ils répondent à tous les critères objectifs de l'addiction
et l'immense majorité d'entre eux sortent de cette période en
contrôlant ses conduites en ayant compris qu'ils
risquaient de se brûler les ailes et en contrôlant mieux les choses et
arrêtent, ne deviennent pas des addicts.
C'est très important ce que
vient de dire Marc mais quand on parle effectivement d'impact du
numérique peut être qu'il faut différencier deux choses: ce qui peut
être éventuellement conduites excessives et voir addictives à
des objets numériques eux même comme le jeu vidéo en est un et puisce qui est
facilitation, par ce média particulier qu'est l'internet,
d'addiction déjà existantes en dehors de lui. Et on sait bien que
effectivement l'objet numérique pour des sujets fragiles et parfois
déjà en train de constituer une addiction va être un facilitateur
pour la raison que l'offre comme on le disait tout à l'heure est
considérablement augmentée et pour des raisons aussi de modalités
d'usage qui vont être plus faciles alors c'est
l'accessibilité 24 heures sur 24, c'est le confort, c'est l'anonymat.
Notre collègue Mark les fils de de Nottingham a beaucoup travaillé
sur ces questions et depuis et depuis longtemps et on sait bien
que effectivement par rapport aux aux conduites de jeu pathologique
par exemple il y a des des des augmentations de prévalence qui
semblent liée au fait que ces pratiques soient désormais possibles
de façon très importantes à travers le numérique. On va retrouver
ça avec les achats pathologique, l'addiction sexuelle dont on sait,
dont on constate que les demandes de soins et d'aide augmentent
de façon importante actuellement euh et puis alors à l'autre de
l'autre côté il faut quand même souligner alors les
substances aussi les les drogues de synthèse se multiplient une
nouvelle par mois repérée en en France actuellement, une par semaine
en Europe, 1000 sites euh 1000 sites dédiés à à l'achat de
ces drogues de synthèse qui sont surtout des des cannabinoïdes
ou des cathinones en général mais y a différents types de molécules
donc c'est c'est vrai que ça constitue une un appel à une
possibilité a extrêmement simple mais inversement effectivement euh
il est clair que l'outil Internet en particulier peut être extrêmement
intéressant pour à la fois évaluer euh la réalité de ces conduites et
faire un travail de prévention et de réduction des risques même par
rapport à ces drogues de synthèse. La Grande Bretagne est le le
Danemark je crois ou les Pays Bas ont engagé des actions très
intéressantes, la communauté européenne travaille sur ces
questions et euh au niveau des tendances récentes en matière de
nouvelles drogues et on sait bien que comme dans d'autres domaines
c'est pas l'interdiction qui va être la solution c'est l'accompagnement
attentif de ce qui se passe avec des outils de prévention qui peuvent et
de réduction des risques qui peuvent apparaître et qui peuvent apparaître
sur le numérique. Alors pour les jeux de hasard et d'argent ce sont des
modérateurs ou des messages d'information dont l'efficacité a
besoin d'être évaluée clairement mais dans des tas d'autres
domaines on pourrait trouver on peut construire, imaginer des équivalents.
C'est peut être un des enjeux de notre mooc de réfléchir aussi
à ce que pourrait être l'utilisation de ces outils
de prévention à travers le numérique lui même.
Oui Marc
Oui on peut citer le site psychoactifs qui est euh construit par des usagers de
substances qui racontent leurs expériences positives ou négatives
avec telle nouvelle substance qui vient d'arriver etc et
qui fait partie de ces nouveaux outils d'information et de de
prévention que permet Internet.
Oui, aide info jeu le site aide infos
jeu de l'IFAC qui qui peut aussi par rapport à des à des
joueurs ou des entourages de joueurs en difficulté être une ressource.
oui oui tout à fait on peut citer aussi les les les sites
de des personnes qui ont qui sont sur des tendances
anorexiques où très très fréquemment il y a un grand
soutien enfin..
Avec des malentendus parce que pendant
longtemps encore on a cru que c'était l'apologie de l'anorexie
l'anorexie effectivement il y a un travail d'Antonio Casilli
auquel vous vous vous pensez Philippe qui a bien montré
qu'on avait été un peu vite à discréditer ces sites qui sont en
fait des sites d'entraide ou la solidarité.
il y a des sites d'entraide,
il y a des sites d'incitation voilà y a il y a toujours le
remède et le poison j'ai envie de dire mais le temps passe vite
on a déjà fait le le temps de de d'échange avec nos nos questions
d'animateurs et je vais donner le micro à Didier afin qu'il pose
quelques questions qui nous sont parvenues par Internet".
Alors on
a un certain nombre de questions euh la première par CocoNotes
live la mise en avant des objets des objets drogue ne serait elle
pas une manière pour la société de ne pas se pencher sur les
autres addictions?
oui moi moi c'est exactement ce que je pense hein je
pense qu'on a construit la drogue euh comme ce qui était
facile à interdire parce que ça venait de l'étranger parce que ça
rapportait rien aux économies à un moment donné et pour permettre
d'innocenter l'alcool, le tabac et un certain nombre de produits
tout aussi toxiques que les drogues les plus dures mais qui font partie
de notre culture, de notre économie etc. Oui je pense que la la la
réponse est oui.
ce ce que je disais tout à l'heure il a fallu il faut le
souligner en France la la position premier du comité national
d'éthique au début des années 90 pour souligner que l'alcool et le
tabac faisait dans notre pays beaucoup plus de dégâts en termes de
morbidité et de mortalité que les drogues illicites.
Une deuxième
question toujours par Livestream cette fois : il y a t il
des bonnes et des mauvaises Addictions?
Un certain
nombre de personnes ont parlé d'addiction positive
notamment en parlant du jogging, de pratiques sportives ou de
questions comme ça. Si on parle d'addiction au sens clinique du
terme c'est à dire d'une conduite qui conduit à une
souffrance telle que le sujet voudrait cesser et n'y parvient pas alors
aucune addiction n'est positive par contre les addictions
ne sont pas équivalentes d'une part, certaines sont beaucoup plus
dangereuses que d'autres du fait de la toxicité propre de l'objet de
l'addiction d'autre part pour un individu donné le fait d'être a dit
à un certain moment peut être la meilleure solution existentielle
qu'il ait trouvé en face de difficultés énormes. On peut penser
que même l'héroïnomanie même le fait de passer par le crack chez
certaines personnes est un mode de survie qui les aide à éviter
des solutions qui pourrait être pires. Ca peut être par exemple une
manière de ne pas se suicider.
C'est vrai on peut on peut
ajouter parce que je crois qu'on on n'a pas formulé comme ça encore que
forcément ça n'est pas l'objet qui définit l'addiction mais la relation
qu'un sujet qu'un individu va entretenir à moment donné avec un
objet et qui et qui va devenir effectivement un piège donc dès lors
que finalement ça n'est pas l'objet qui définit l'addiction on voit bien
que tout objet il y a pas de en soit de bonnes addiction c'est
c'est la manière dont chacun va va construire sa relation à tel ou tel
comportement qui va être décisive et ça c'est quand même quelque chose
qui qui peut être doit être une référence pour nous tous.
Merci une
autre question par tweeter : quels sont les critères qui différencient
l'addiction au sens clinique de l'usage problématique? on en a déjà un
peu parlé mais il y a une question là dessus. Entre l'usage problématique et addictif.
on a fait partie avec Marc d'une d'une expertise collective de l'INSERM sur sur le
jeu où on a passé un temps assez considérable à se mettre d'accord
sur les termes c'est vrai que il n'y a pas eu un consensus
international sur les termes et que là quand on parle de de
problématique on ne sait pas si ça fait référence à nocif, à abusif, à excessif donc
je je crois qu'on peut pas s'engager dans dans d'autres dans hein ce dans
ce ce débat qui en fait est un débat terminologique qui n'a pas une très
grande un très grand intérêt d'autant que la tendance actuelle y
compris dans les critères internationaux les plus les plus
répandus est d'aller vers ce qu'on appelle une approche dimensionnelle
où en fait plus des catégories comme on l'a fait avec l'usage simple,
l'usage à risque, l'usage nocif et la dépendance mais où on
considère qu'il y a des troubles qui sont plus ou moins marqués, légers,
modéré et grave en fonction d'un certain nombre de critères donc euh
la notion d'usage problématique, qu'il faut la rapprocher à mon
avis de ce qu'on a dit tout à l'heure sur ce que le sujet envie,
rapporter ça à son expérience personnelle singulière c'est ça qui
fait qui définit le problème plus que d'autres.
Oui j'aurais dit quand même que la la la frontière doit être éminemment
subjective. C'est le sujet qui sait même s'il le dénie un moment
que cette conduite lui est nuiisible qu'il voudrait
arrêter et qu'il ne parvient pas à l'arrêter. à mon avis c'est là qu'il y
a une frontière entre toutes les formes de l'usage nocif abusif que
la société peut réprouver et l'addiction cliniques qui est
vraiment le sentiment subjectif d'aliénation éprouvé par la
personne elle même".
Merci une autre question par livestream:
Est ce que les populations plus développées alors j'ai envie de dire
les pays plus riches ne sont pas plus exposés à l'addiction? Les pays
défavorisés ont ils leurs actions?
C'est difficile de raisonner en
terme de pays ce qu'on ce qu'on sait euh je dirais c'est mais je sais
pas si ça s'inscrit en décalage par rapport à ça c'est que les
populations qui sont précarisés qui sont en très en difficulté à tous
les niveaux aussi bien socio-économiques que au niveau même
de leur existence, ce qu'on appelle l'anomie en cas
chômage prolongé etc., on sait qu'il y a une vulnérabilité à à l'addiction
qui est très forte dans ces populations précarisées qui se
trouvent être souvent d'ailleurs en en à la marge de sociétés de pays
plutôt riche et et là on on a des facteurs qui sont absolument euh
euh incontestables de vulnérabilité.
oui j'ai j'imagine que la personne
qui a posé la question avait en tête peut être la question de
l'obésité très répandue effectivement aux États Unis et qui
nous qui nous gagne...
euh oui on peut penser que ...
euh dans dans dans certains pays pauvres
oui mais qui est
qui va frapper comme le le le rappelait Venisse plutôt des
catégories défavorisées que des catégories très favorisées.
Tout à fait
Alors que l'anorexie va plutôt être une maladie de milieux
favorisés dans des pays occidentaux.
C'est complexe,
c'est pas aussi simple que ça c'est pas réservé aux riches.
Alors je prends la question suivante l'addiction d'un individu
est -elle intrinsèquement liée à un comportement ou une substance
particulière ou est -elle un phénomène qui peut changer de
support par exemple est ce qu'on peut passer de l'alcool au chocolat?
Ce qui est sûr c'est que l'addiction est souvent Polyaddiction ce qui
montre bien d'ailleurs l'objet n'est pas et on voit effectivement que
la majorité des sujets qui sont concernés par l'addiction sont effectivement
euh dépendant ou dans l'abus de plusieurs objets, plusieurs
substances hein ça c'est une première référence. On a mis
longtemps à accepter cette idée là. Pendant un temps la polyaddiction
c'était euh surtout d'ailleurs les jeunes et puis ça concerne et
personne d'autre mais en en pratique l'alcool et le tabac c'est une
polyadiction très répandue par exemple et on pourrait ajouter que la
moitié des joueurs au moins ont eu des problèmes avec l'alcool euh
très important avant d'en arriver à leur conduite de jeu pathologique
etc. donc c'est la question des co-morbidités des co-addictions qui est
une question euh qui est une réalité clinique effectivement très
très très prégnante.
oui il s'y ajoute une autre, un autre
phénomène qui est le passage d'une addiction à une autre et on voit
bien des personnes qui ont été héroïnomane qui deviennent
alcooliques qui ensuite deviennent joueur excessif qui finissent par
être addict au sexe avec cette impression pour le clinicien qu'à
chaque fois il y a quand même une moindre gravité il y a quand même un
progrès qui est vécue comme positif par par les thérapeutes mais
qu'on ne commence à voir que depuis une date assez récente parce que
dans le temps les champs étaient séparés et pour un centre de
toxicomanie, la personne qui devenait alcoolique était guérie euh
euh pour le centre d'alcoologie il commençait à être malade, s'il
devenait joueur pathologique il était plus malade, il y avait pas de
centre pour recevoir les joueurs donc euh c'est seulement
maintenant avec des centres qui reçoivent l'ensemble des pratiques
addictives qu'on va pouvoir objectiver plus finement ces trajectoires et
ces passages d'une addiction à une une autre. Une autre remarque qui me paraît très
importante c'est que même pour les produits les plus... considérés comme
les plus durs comme héroïne de la cocaïne ou le crack, l'immense
majorité des expérimentateurs ne devienne pas des addicts et on peut
penser que quel que soit l'objet d'addiction le petit pourcentage des
personnes qui deviennent accro sont les personnes les plus
vulnérables à tous les niveaux : au niveau social au niveau euh
individuel peut être dans certains cas au niveau génétique en tout cas au
niveau de leur histoire de vie de leur trajectoire de vie. C'est ceux
qui vont être le plus amené à chercher dans la relation addictive
une solution à des difficultés existentielles parfois dramatiques.
Oui, j'ai envie d'ajouter simplement que ces
relais de conduite ne sont quand même pas une fatalité et que on voit
aussi beaucoup de de de de patients qui qui ne sont pas dans cette euh
engrenage et dans cet enchaînement et qui se libèrent d'une façon qui ne
ne ne passe pas par cette par cette nouvelle forme de
dépendance donc je crois que c'est quand même important de souligner.
Même si le le rapprochement qu'a fait Marc montre que c'est la
justification même de la notion d'addictologie avec sa
transversalité et de structures d'aide et de soins et de prévention
transversales parce qu'avant on était dans des clivages est assez
surréaliste il faut bien le dire.
Donc en résumé si je
comprends bien on peut cumuler des addictions et on peut passer d'une
addiction à l'autre effectivement moi j'ai vu des des héroïnomanes
devenir de grands alcooliques hein fréquemment à l'hôpital on voit ça
maintenant malheureusement souvent. Euh une ou avant de revenir un petit
peu numérique si voulez bien la question du nombre d'heures
d'utilisation par jour d'un jeu vidéo par exemple pour
considérer s'il y a addiction ou non revient régulièrement parmi les
participants du au mooc là et qu'est ce que vous pourriez dire à
ce sujet?
Globalement pour l'addiction on sait que le le point de
vue quantitatif n'est jamais suffisant, première réponse.
Marc va développer peut être d'autres aspects mais j'ai envie de
dire ça d'abord parce que c'est vrai qu'on est toujours ramené au
nombre d'heures au nombre de euh de de verres au nombre de de
euh etc. Le point de vue quantitatif n'est jamais suffisant
compte tenu de de de tout ce qu'on a essayé de de développer et du fait
que ça doit s'évaluer dans le cadre d'une situation personnelle à
un moment donné et que ça ne peut pas se réduire à du quantitatif.
On n'a pas de de de critères objectives surtout que la
la pratique des écrans est devenue tellement importante que c'est le
que le jeu vidéo est devenue probablement le loisir
numéro un, le temps passé devant la télévision tend à diminuer et ce
qui est probablement plus tôt une bonne chose et on ne peut
pas savoir si quelqu'un qui passerait sa vie entière devant des
écrans n'aurait pas une vie tout à fait normale. Il y a tellement de deux
choses différentes qu'on peut faire avec ces différents supports que euh
le le temps passé devant un écran ne sera pas euh un critère. On
a vu par ailleurs euh des des des histoires paradoxales j'ai eu
l'histoire d'un jeune qui a passé toute l'année du bac a joué quatre
ou cinq heures par jour un jeu en réseau. Ca a été fait beaucoup
effrayé les parents qui étaient très inquiets qui sont dit il va rater et il a
passé son bac il a eu une mention bien ou très bien pourquoi parce que
euh il s'est focalisé sur son jeu vidéo et il y a travaillé pendant un an.
C'était presque une forme d'ascétisme pendant ce temps les
petits copains sortaient le soir allaient faire la fête le samedi avec
des petites copines avaient l'esprit ailleurs et travaillaient moins bien
que lui donc euh la focalisation sur une activité lui a
permis de se concentrer par ailleurs sur le travail et ce qui aurait
pu paraître pour un temps excessif euh à n'importe quel observateur
extérieur a été dans son cas quelque chose de très positif sur ses résultats.
Comment avoir une appréhension globale de de de ce
type de... comment avoir une appréhension globale de de ce type
de situation qui notamment effectivement mesure les
répercussions sur le reste de la vie et dans la mesure où sont préservés
je dirais les investissements, les activités qui euh sont à la
fois indispensable et aussi celles qui sont sources de plaisir et qui l'
étaient eh bien euh la question du temps ne va plus être des décisive
et je pense à aux témoignages je crois de d'une de nos participants
qui s'appelait Angela qui soulignait euh très très clairement que elle
passait beaucoup de temps devant les écrans mais que jamais elle n'était
dans l'incapacité de s'arrêter et que ça ne remettait pas en question
de façon significative les activités plaisir qu'elle avait
depuis toujours. Voilà des points de repère qui sont beaucoup plus
importants que le temps passé. Alors Marc souligne que les écrans eux
aussi sont pas tout à fait identiques et c'est vrai que euh
si c'est du temps qui était passé devant la télévision enfin le
baromètre santé jeunes de 2010 a très clairement montré que les
écrans dits "actif" donc ce dont on parle là sont beaucoup moins
nocif que les écrans passifs comme la télévision en termes notamment de
surpoids. On revient à la question du surpoids le surpoids est clairement
associé à ceux qui passent le plus temps sur l'écran de
télévision. Et pas du tout corrélée avec la consommation
d'écrans actifs non c'est c'est une donnée française récente c'est je
crois qu'il faut il faut pouvoir l'entendre.
C'est corroboré par une
recherche américaine sur les adolescents de 7 à 17 ans je
crois ou qui évalue entre autre le temps passé devant les .
Alors j'entends bien que ça ne suffisent donc pas à caractériser
une addiction le temps passé au numérique le temps passé devant
l'écran ça pose quand même des questions justement dans cette euh
dans cette euh enquête sur des sur plus de 10000 personnes je
crois en en gros le euh vers 2012 je crois le temps moyen passé
par 24 heures devant les écrans a visé ludique pas à l'école aux
états-Unis mais on est pas loin derrière c'était je crois pas pas loin
de huit heures huit heures. Il y a 24 heures dans une journée huit heures
tous les jours c'est plus que le temps passé à l'école donc c'est
quand même et et il est il est pris quand ce temps? parce tout à l'heure comme vous disiez
on peut passer quelqu'un pourrait peut être passer tout son
temps devant l'ordinateur et tout tout tout à fait normal.. euh oui
enfin c'est un peu euh.. provocateur je pense mais il est il
est pris quand? il est pris sur quoi? alors c'est peut être pas de
l'addiction mais bon alors c'est les jeunes souvent sur le temps
de sommeil quand même ou sur le temps d'échange. Ce que je veux dire
c'est que à côté du domaine spécifique de l'addiction il y a de
grandes souffrances et tout ça... il y a des questions liées à l'us à
l'usage du numérique qui qui me semblent surgir et que qu'on aura
intérêt à travailler dans ce mooc." jlv " mais tout ça c'est des inquiètudes de parents qu'on
peut comprendre et qui ont besoin d'être entendues et
accompagnées mais avec aussi et on l'a tous vécu je dirais des des
malentendus hein et par rapport aux jeux vidéo par exemple pendant
très longtemps on parlait de mondes virtuels alors même que ce
ces ces ces jeunes qui jouaient ce ne sont pas seulement des jeunes
souvent des jeunes adultes qui jouent beaucoup sont loin
d'être dans une bulle virtuelle où ils sont tout seuls ils sont en
inter relations permanentes avec les autres joueurs qui font partie euh
de leur guilde etc. donc on on est euh alors il faut aussi remettre les
choses à leur place c'est c'est c'est un nouveau mode d'interaction
dans cette tranche d'âge qui doit être certainement euh
observée mais qui ne doit pas être diabolisée.
Mais alors pour un jeune
ou un moins jeune qui se trouve euh qui se retrouve dans une
addiction rarement clinique comment comment guérit on d'une addiction?
C'est une question qui vient du forum et ça sera la dernière question.
Heu à mon avis on a euh on a dans le cas des des des
addictions aux jeux en réseau des des cas qui existent qui sont des vrais
cas d'addiction qui sont très minoritaires par rapport à l'ampleur
de la pratique qui est devenue dominante chez tout le
monde. Il s'agit d'addiction beaucoup plus facile à traiter que
l'héroïnomanie et la cocaïnomanie ou l'alcoolisme parce qu'on
a affaire généralement à des personnes plus jeunes et à
des personnes qui sont dans des milieux socio économique pas
particulièrement défavorisés et qui jusque -là ont eu des parcours à peu
près correct c'est à dire qu'ils ont des bases psychologiques, affectives,
sociales suffisantes. Très souvent on a affaire à des problèmes familiaux
qu'il faut traiter en même temps que les problèmes d'addiction, il faut
aussi remettre de l'ordre dans la famille que des vérités
non dites soit énoncées que les problèmes des parents
redeviennent le problème des parents que que les problèmes d'autorité se
posent et cetera mais là sur le fond la psychothérapie reste euh le
coeur du traitement de toutes les addictions la relation euh entre
deux personnes la relation entre un patient et une équipe reste le coeur
du traitement et on peut dire que dans le cas du jeu vu d'argent
et dans le cas du du jeu en réseau aussi le seul fait de voir quelqu'un
régulièrement pou en parler change déjà profondément la pratique. On a
été prisonnier on était seul dans un monde et on sait maintenant que dans
trois jours dans une semaine on va parler de ce qu'on est en train de
faire, ça introduit dans le jeu une réflexivité qui en était absente.
Et déjà ça commence à être la sortie de l'addiction.
oui je sais pas si la question concerne globalement les addictions ou le
traitement des addictions c'est un sujet extrêmement vaste mais ce
qu'on peut dire quand même c'est qu'il faut donner du temps il
faut imaginer que les choses ont évolué par étapes que ça va pas être
en tout ou rien parce qu'on resterait dans l'addiction et puis
il faut aussi imaginer qu'il va falloir agir à différents niveaux
et c'est vrai que le niveau des facteurs d'auto entretien c'est à
dire les comportements eux mêmes les les les les schémas de pensée qui
vont avec ce qu'on appelle l'approche cognitive mais aussi
effectivement les facteurs prédisposant donc la sécurité
interne la confiance là elle finalement il s'agit à la fois de se
libérer d'une conduite et de réouvrir une perspective de vie possible.
Bien ben merci beaucoup pour ces ces ces interventions
enrichissantes donc là ce cette semaine un n'est pas terminée et
vous pouvez jusqu'à mardi intervenir euh échanger peut être aussi euh
tendre vers faire un peu plus de synthèse si possible et puis nous
mêmes de notre côté nous ferons une synthèse approximative des
de tous vos apports de la semaine qu'on mettra en ligne probablement
mardi en fin de matinée c'est bien ça et puis après ça sera la
semaine deux où on entrera dans le vif du sujet j'ai envie de dire à
savoir vos usages du numérique, nos usages et puis voilà. A suivre la
semaine prochaine. Merci beaucoup.