L'addiction positive
Bravo mtarzaim, c'est vraiment une bonne idée!
Bon, du coup je la fais à la façon Dr Jekill et Mr Hyde:
Alors pour le produit numérique le plus addictogène possible, je choisis la rubrique jeu.
Le produit est lancé en simultané sur le plus de supports possibles :
Windows, Dreamcast,PlayStation,PlayStation 2,PlayStation Portable,PlayStation 3,PlayStation 4, Xbox,Xbox 360, Xbox One,GameBoy Color,GameBoy Advance/Game Boy Advance SP, Nintendo DS, iPhone/iPod Touch,iPad/Macintosh,Android, Windows Phone.
Evidemment on est sur du gros budget. La version en ligne peut aller jusqu’à 30 joueurs en simultané. L’idée première est de flatter les pulsions que la société impose habituellement de réprimer, toutes les pulsions ! Faire sauter le vernis de la civilisation, mais en jeu !
Le nom du jeu a fait l’objet de nombreux échanges entre spécialistes du trash mais a abouti à quelque chose d’assez soft pour ratisser le plus large possible : « No limit !». Mais pour le design on n’a pas fait dans le trash : on a embauché les meilleurs, la qualité des images est époustouflante, tous les pros le reconnaissent, et le son est top : un des meilleurs groupes du moment a été très bien payé pour enregistrer spécialement plusieurs morceaux, en sortie exclusive. A chaque version, un nouveau groupe, un nouveau style. Nos campagnes de lancement visent tous les médias, tous les affichages possibles.
Bien sûr c’est interdit aux moins de 18 ans mais notre marché vise tout le monde, en fait il n’y a pas d’âge. L’adolescence est l’âge où l’on teste ses limites : en vérité ce jeu se vend aussi beaucoup aux moins de 18 ans. Sur la première version on a même délibérément laissé faire des piratages faciles, question que les plus jeunes y prennent goût : c’est un bon investissement pour l’avenir ! En fait, plus on commence jeune, mieux c’est !
D'après un calcul basé sur une heure de jeu à « no limit ! », la somme des peines encourues pour les infractions réalisées s'élèverait à deux peines de prison à perpétuité assortie de 55 années de prison, cinq années de suspension de permis et 8 millions d'euros d'amende. Le pied pour les jeunes révoltés comme pour les vieux désabusés : vivre sans temps mort, jouir sans entrave !
La jouabilité est très variée, c’est une de nos forces : le jeu mélange, action, aventure, conduite auto et jeu de rôle. Les thèmes sont délibérément tabous, comme la violence, le vol, le crime, le viol, le deal, le proxénétisme. Chaque jeu permet en effet d'incarner un criminel que l’on se construit, un avatar maléfique en quelque sorte, évoluant dans une métropole, ou même parfois un état. Il doit remplir des missions de tous types pour toutes sortes de personnes, pour se faire un nom dans la ville ou pour toute autre raison, telle que la vengeance ou l'ambition du pouvoir ou le proxénétisme ou la mission démoniaque. Dans les versions les plus récentes, le jeu s’adapte en temps réel aux fantasmes du joueur, avec cela on a explosé les scores !
Les missions, variées et multiples, sont données par des commanditaires que le joueur doit aller rejoindre dans toute la ville. Assassinats, vols de voitures, viols, déstabilisation d'un gang adverse, et autres crimes plus importants sont de la partie. Le joueur est souvent amené à conduire des véhicules, évidemment dans l’irrespect des règles, à provoquer une fusillade, ou à faire des courses de rue. Il arrive également que le joueur fasse des missions nécessitant un transport aérien, comme un avion ou un hélicoptère. Il existe également des missions secondaires, non essentielles au scénario (éparpillées dans toute la ville) que le joueur peut réaliser, comme des courses de motos, des cambriolages, des viols ou des livraisons plus ou moins illégales.
Le joueur est impliqué dans un scénario, et au gré des événements qui se déroulent en ville, les missions du joueur font avancer le scénario. Ces missions lui apportent également des récompenses, comme le déblocage de zones de la ville, des nouvelles armes données par les commanditaires ou de l'argent, qui permet de multiples possibilités, comme acheter de nouvelles propriétés.
Le joueur peut intervenir dans l'histoire de la manière qu'il souhaite. Il est aussi possible de vagabonder dans l'univers du jeu sans se soucier de l'histoire, et d'interagir avec ce qui vient : obtenir des véhicules comme des voitures, des vélos, et parfois même des trains. Il peut aussi, par exemple, tuer une petite vieille dans la rue ou écraser des passants s’il est énervé ou autre…
Si le joueur commet un meurtre, les forces de police le rechercheront plus ou moins activement, en fonction de son niveau de criminalité. Le joueur est cependant régulièrement confronté aux autorités : étant donné que la majorité de ses actes sont illégaux, il est très souvent en délit de fuite et plusieurs moyens astucieux (discrétion, camouflage de la voiture, « acheter » la police) permettent d'échapper aux forces de l'ordre ou aux unités d'intervention.
Le système de port d'armes est un système de roue qui permet de passer d'une arme à l'autre facilement. Cela permet aussi au joueur de porter plusieurs armes du même type à la fois. De plus de nombreuses armes non conventionnelles sont aussi disponibles (comme le taser ou le bidon d'essence) et les armes conventionnelles sont pour la plupart, avec rajout de torche ou de silencieux, augmentation de la capacité du chargeur, etc.
Les tirs sont précis et les objectifs faciles à cibler. Les adversaires se blessent exactement là où on a voulu les atteindre.
Le personnage principal triomphera souvent à la fin de l'aventure, une fois toutes les épreuves passées. On peut aussi simplement se promener et détruire pour le plaisir. Les actions se déroulent dans différents lieux, villes, campagnes ou autres inspirées de manières très réalistes de lieux existant. Les cinématiques sont en 3D et en HD.
La violence est décrite avec glamour et les agressions sexuelles sont le plus sexy possible. Mais c’est un univers machiste où les femmes sont au service de l’homme : nos joueurs sont en forte majorité des hommes, mais nous sommes en train de mettre au point une version pour la délinquance et la perversion féminine.
Après cela nous mettrons au point une guerre où tout sera possible comme dans une vraie guerre, le joueur sera invité à construire lui-même son scénario, le plus réaliste possible. On pourra bien sur tuer avec des drones et torturer dans des prisons spéciales.
Notre jeu est le meilleur au niveau qualité reconnue par les professionnels à 97%° et nous avons pour l’instant vendu plus de 150 millions d’exemplaires à travers le monde. Nous avons fermement l’intention de doubler ce chiffre rapidement.
*Bon, pour ceux qui n’ont pas pigé, ce jeu existe vraiment, j’ai juste forcé le trait par-ci par-là en rajoutant quelques trucs sexuels et quelques considérations supplémentaires. Quoique le machisme et le mauvais traitement des femmes y existe clairement aussi. Ce jeu c’est GTA (Grand thief auto). Les lignes qui précèdent sont en grande part des extraits de la définition de GTA (probablement écrite par les concepteurs) sur Wikipedia… Il s’est effectivement vendu à plus de 150 millions d’exemplaires. Cela pose quelques questions morales : par exemple, le précédent maire de New York a tenté d’éviter que sa ville soit dans le scénario car il estimait que cela en donnerait une mauvaise image, mais… New York est bien dans le jeu…
Est-ce le jeu le plus addictogène ? Je ne crois pas. Le circuit de la récompense, me semble-t-il n’est pas assez utilisé, on pourrait faire mieux. Et puis le jeu le plus addictogène devrait séduire toutes les tranches d’âge et les deux sexes : pas facile… Mais flatter les pulsions primaires et l’illusion de toute puissance, c’est sûr, c’est un bon « spot »…*