Minecraft - le drogué est aussi le dealer
Minecraft est un jeu de type sandbox (un monde "réaliste" sans règle préétablie, où le joueur est laissé libre de ses actions). Le but du jeu est, à la base, de construire ce qui nous plait, en exploitant les ressources du monde virtuel et malgré les challenges qu'il présente (monstres, pièges, rareté de certaines ressources, gestion santé/sommeil/usure, etc.).
Au fil de ses parties, le joueur s'approprie son monde virtuel, le modelant à sa guise. Plus il passe de temps à l'intérieur, plus il doit continuer à s'y investir, pour ne pas rendre son investissement précédent inutile. D'où un phénomène d'addiction dans sa mécanique de base.
Ses caractéristiques techniques modestes, et son piratage systématique, l'ont rendu très apprécié des joueurs, et surtout des ados. Une communauté très active s'est développée autour du titre, avec quantité de vidéo explicatives, parodiques et de présentation.
Cette communauté, avec la bénédiction de l'auteur du jeu, s'est à son tour appropriée le jeu au travers de "mods", des modifications du jeu d'origine permettant d'aller encore plus loin dans les interactions et les possibilités. Les anciens consommateurs se sont ainsi mués en producteurs de contenu, fournissant toujours davantage de nouvelles choses à faire, de lieux à explorer et d'usages à découvrir. Chaque drogué est ainsi devenu un dealer, nourrissant sa propre addiction avec les addictions des autres, encouragé dans son investissement personnel par l'investissement personnel des autres.
Minecraft est un exemple intéressant de création addictive non-commerciale.
En effet, le jeu n'a jamais été réalisé dans une optique économique telle qu'on la pense dans Facebook ou sur mobile. L'auteur a eu une idée, et a été assez expert pour la mettre en oeuvre. Le concept, le bouche-à-oreille, puis la communauté ont fait le reste. Une illustration du web 2.0, où les consommateurs se font producteurs, par émulation réciproque, autour d'un contenu fédérateur et accessible.