Julie, ex addict (enfin, encore un peu quand même)
Bonjour Ambre,
Je vais essayer de te résumer ce qui pour moi représentait mon addiction. La liste ne sera pas exhaustive car elle serai trop longue !
1ere chose : mon temps de jeu. Entre 21 et 27 ans, je jouais de 6h à 10h par jour en semaine et jusqu'à 18h le week end.
Ce temps de jeu a eu de grosses répercutions sur ma vie quotidienne :
- perte de lien avec mes amis "réels" : entre aller boire un verre ou rester à jouer, je n'hésitais pas. Aujourd'hui, je me suis coupée de toutes les personnes que je fréquentais il y a encore quelques années. Je n'ai plus d'"amis" à proprement parler.
- Incapacité à sortir de chez moi pour des activités : je n'ai pas mis les pieds au cinéma depuis des années, pourtant j'adore ça. Les musées, expos et autre, se limitent à des affiches que je vois et ou je me dis "ça a l'air bien ! mais.... non...."
- Stress ingérable : je n'avais aucune coupure dans mes journées, et ce dès le réveil. levée -> jeu -> Boulot -> jeu -> dormir. Même pour manger je restais devant mon écran. Cela a eu des répercussions que je commence seulement à identifier, voici la principale : je me croyais insomniaque depuis des années, depuis que je joue moins je dors beaucoup mieux. Autre exemple, je manquais de patience au travail, je suis aujourd'hui beaucoup plus calme et patiente.
J'ai pris conscience de mon addiction en vivant avec quelqu'un encore plus dépendant que moi.
Cette personne en était au point de faire des crises d'angoisse le matin en allant travailler. Il faisait demi tour, rentrait s'installer devant son ordinateur, et tout allait mieux. Il jouait le jour, la nuit, il était incapable de s’arrêter une seule minute.
J'ai très vite identifié d'ou venait son problème, et le voir agir, se comporter ainsi, m'a complètement dégoûté de mon rapport aux jeux. J'ai essayé de l'envoyer voir un spécialiste, mais dès que le mot "addiction" tombait, il ne retournait jamais voir la personne. Il a perdu plusieurs emplois à cause de ça, mais ça n'avait pas d'importance pour lui, il lui suffisait d'avoir son ordinateur pour être heureux.
Nous nous sommes finalement séparés à cause de ça. Moi, la grande joueuse, je ne supportait plus quelqu'un qui jouait trop. Étonnant vu mon parcours, mais salutaire.
Aujourd’hui je me suis forcée à changer, et je me force au quotidien. Parfois au moment de lancer un jeu, je réfléchis, et je me dis "non, mets toi un film/va lire/faire autre chose, mais ne joue pas"
Pour conclure, je dirais que cette addiction a eu un impact sur ma vie sociale, ma vie professionnelle ainsi que ma santé. C'est cher payé, pour quelque chose dans lequel je suis tombée à à peine 18 ans, un age ou on ne voit pas venir l'avenir :)